Selon le wiki de tous les wikis :
Le gameplay émergent fait référence aux situations complexes qui émergent dans les jeux vidéos, les jeux de société et les jeux de rôle de par l'interaction de mécaniques de jeux relativement simples.
Et je pense que c'est le cœur d'un jeu, quel qu'il soit. Dans les faits, le Go ça s'explique en trois coups de cuiller à pot : on a une grille, chaque joueur a des pierres, l'un blanches, l'autre noires. A chacun son tour, on pose une pierre sur une intersection. Si deux ou plusieurs pierres sont adjacentes, c'est un groupe. Si une pierre ou un groupe sont complétement entourés par des pierres adverses, on les retire du jeu. A la fin, celui qui a les groupes les plus gros gagne.
Et pourtant, c'est un jeu complexe, plein de subtilité et de finesse. Cette complexité et cette richesse ne sont pas apparentes à la lecture des règles : rien ne permet de deviner, à leur simple énoncé, que le jeu peut être aussi tordu. C'est parce qu'on applique les règles, que chaque application est le fruit d'une décision d'un des joueurs et que chaque décision influence toutes les suivantes que le jeu se révèle vraiment.
Le manuel des règles ne peut pas tout expliquer, ce n'est pas son rôle. Son rôle, c'est d'expliquer la procédure à suivre : les conséquences de cette procédure, c'est aux joueurs de les découvrir. Et c'est même à ça qu'on juge si un joueur est bon ou pas : s'il a découvert les conséquences réelles de l'application des règles et s'il sait s'en servir pour accomplir son objectif.
Un autre exemple, un JdR cette fois-ci. Risus. Risus est un jeu de rôle comique, il est fait pour. Dans ce jeu, on choisit librement ses "clichés", ces clichés ont chacun une valeur en d6, et quand le personnage tente d'accomplir quelque chose, le joueur explique quel cliché il utilise et comment, lance les dés et s'il bat la difficulté, son personnage réussit.
On se dit "bon, j'ai donc besoin de prendre un cliché très large, genre "costaud", et coller un max de dés dedans. Je l'utiliserai tout le temps, et ça collera d'office sans que je me casse trop."
Et non. Une autre règle dit : "si le cliché est inapproprié à la situation, genre arrêter une bagarre avec "post-glam speed banjo", le joueur lance 3 dés de plus."
En pratique, on se rend vite compte qu'il vaut mieux prendre les clichés les plus improbables et les plus spécialisés possibles, histoire qu'ils ne soient jamais appropriés à l'action, et recevoir le bonus la plupart du temps. Avec des joueurs qui ont capté ça, on se retrouve donc à la table avec un barde islandais qui tricote des pulls en laine de Shetland, un comédien extraterrestre ancien pousseur de brouettes professionnel et un nain unijambiste champion d'empilage de gobelet. Ce qui est déjà drôlatique en soi. Et attendez que les joueurs se cassent le cul pour trouver une situation où a) ils peuvent justifier l'usage de leur cliché et b) qui soit malgré tout totalement inappropriée, comme "bien sûr que je peux réparer le réacteur : je vais tricoter un nouveau piston."
Et de par son gameplay émergent, Risus rend la partie drôle, si vous trouvez drôles des gens qui n'ont rien à foutre là et qui s'en sortent par les manières les plus improbables possibles. Ce pour quoi il est fait.
Ces interactions ne sont pas visibles à la lecture des règles. Voilà pourquoi ceci, entre autres.
C'est aussi là, selon moi, que se cache généralement la vraie richesse d'un jeu. Mes jeux préférés s'expliquent en deux minutes, mais on peut y rejouer encore et encore, parce que c'est ce gameplay émergent, et non les procédures explicites (les règles telles qu'elles sont écrites sur le papier), qui rend le jeu amusant et intéressant.
Illustration : Ikaru no Go vol.3, © Takeshi Obata 1999
Ces interactions ne sont pas visibles à la lecture des règles. Voilà pourquoi ceci, entre autres.
C'est aussi là, selon moi, que se cache généralement la vraie richesse d'un jeu. Mes jeux préférés s'expliquent en deux minutes, mais on peut y rejouer encore et encore, parce que c'est ce gameplay émergent, et non les procédures explicites (les règles telles qu'elles sont écrites sur le papier), qui rend le jeu amusant et intéressant.
Illustration : Ikaru no Go vol.3, © Takeshi Obata 1999

Je reconnais cette conclusion, mais il faut admettre que la transition de la règle au gameplay sous-jacent est parfois et même souvent loin d'être évident. Je me demande pourquoi l'on ne s’appesantit pas davantage sur cette notion quand on présente un jeu ou des règles. L'exemple du GO est en ce sens bien trop délicat à aborder sous cet angle, alors qu'un jeu de rôle serait d'emblée beaucoup mieux cerné de cette façon.
RépondreSupprimerTom VR a dit...
RépondreSupprimerC'est pas vrai, plus il y a de règles, plus il y a de façon de les contourn... euh, plus il y a de Gameplay émergent.
Ca m'a l'air d'un bon truc de jésuite, le Gameplay émergent :
" Quoi ?! Mais c'est de la vile optimisation grobillistique !!
- Non, j'ai juste exploité le Gameplay émergent. Ils le disent même sur les forums."
Mon dieu, Grég, tu as ouvert la boîte de Pandorre ! ;D
:)
RépondreSupprimerAlors la, surprise, je ne te savais pas atteint de la Go-mniste. Apparemment, on est plusieurs.
je saoule tout le monde avec le meme laius sur le Go chaque fois que je veux explique ce qu'est un "bon" gamedesign de JDP: Un minimum de règles qui ouvrent un maximum de possibilités en découlant logiquement.
En plus tu as mis un illus de Hikaru :)
Par contre, si je suis d'accord avec tes conclusion, l'exemple de Risus me laisse un peu perplexe, pour une raison que tu omets (et que je découvre a la lecture du truc, sur lequel j'ai placé des espoirs pendant quelques minutes) : tout repose sur l'arbitraire complet (sans autres guides ni interventions), du MJ, en particulier l'évaluation de si l'usage du cliché est "vraiment" amusante.
C'est une grosse faille à mon avis. Imagine qu'au go, il te faille l'avis d'un joueur "neutre" qui décide si oui ou non ou pièce est capturée "si vraiment elle est cernée".
Ce n'est pas rédhibitoire, note bien, on peut imaginer un mécanisme pour supprimer cet arbitraire ( en général, cela suppose de supprimer le MJ)
Bonjour,
RépondreSupprimerje me demande si vous ne faîtes pas une erreur dans la règle (sur les clichés inappropriées) de Risus. De ce que j'en comprends, les 3 dés ne sont pas un bonus pour celui qui utilise une compétence inappropriée mais ils sont la perte qu'impose à son adversaire celui qui utilise une compétence inappropriée, si, et seulement si, il gagne le combat.
Exemple : Je combats un guerrier orc (4d) avec ma compétence "coiffeur" (à 2d) : j'utilise mon savoir-faire de coiffeur pour manipuler mes ciseaux et lui couper cheveux et barbe de façon à l'aveugler et le ridiculiser. Admettons que je gagne le combat. L'orc voit aussitôt baisser sa compet de 4 à 1 dé.
Me trompe-je ? :-)
Si c'est le cas, désolé de mon intervention (ne pas hésiter à la supprimer ! ^^).
Sinon, peu importe !
1°) je trouve même que cette erreur plus qu'intéressante : elle donne aux règles le punch qui à mon humble avis leur manque !
Et 2°) cela ne change pas la teneur de votre article auquel j'adhère. Il me semble que c'est aussi une question d'âge : je crois qu'en vieillissant, on apprécie de plus en plus les choses simples et efficaces. Il en va de même pour les jeux (qu'ils soient de rôle ou de société ! ).
Ludiquement ;-)
Honnêtement, on est ici à la bonne franquette, donc point besoin de circonvolutions civiles ! La preuve :
SupprimerPutain oui vous avez raison !
Je sors RISUS rarement mais en effet, toutes ces années, je m'ai gourré. Vivement que je le ressorte pour voir ce que ça donne. A vue de nez, c'est moins un avantage bourrin et plus un pari. Je corrigerai l'article en conséquence quand j'aurai un peu plus de temps devant moi.
Merci beaucoup pour ce commentaire !
Ok, ça me rassure (quant à ma compréhension de l'anglais !) ;-)
RépondreSupprimerEn fait, il y a quelques années que j'avais regardé ce jeu mais je l'avais laissé tomber, ne le trouvant pas assez original (voire limite quelconque). Du coup, cet article m'a interpellé et... encore une fois, l'erreur de l'article est une belle erreur : elle me laisse à penser qu'il y a moyen de tirer cette règle vers le haut. Telle qu'elle, elle rend le jeu toonesque mais finalement, elle colle bien à l'esprit "potache" du jeu.